Conférence : Séraphine Louis par Alain Etievant

samedi 18 mars 2023

RC APS : Conférence d’Alain Etievant qui parle de Séraphine Louis : SERAPHINE LOUIS DITE SERAPHINE DE SENLIS

 

Alain Etievant, notre artiste rotarien est curieux de l’art sous toutes ses formes et sa recherche perpétuelle d’une identité l’a amené à se diversifier.

Ses paysages jurassiens ont habillé bon nombre de galeries de peintures et dans sa biographie on note : <<Revenu au figuratif dans les années 90, sa palette a évolué, laissant place aux rouilles d’automne, au dégradé raffiné de verts et aux teintes bleutées. Il ne peint pas ce qu’il regarde mais ce qu’il porte au fond de lui, interprétant les jeux particuliers de l’ombre et de la lumière. Il redonne l’émotion ressentie en face du paysage.>>

Les émotions il les a ressenties dans bien des situations et ses visites de galeries ou d’expositions mais celle qu’il a ressentie lors de la découverte de cette grande méconnue qu’est Séraphine Louis l’a conduit à aller plus avant dans ses recherches sur l’iconographie de cette artiste.

Alain nous a fait vivre un moment de sa passion pour la peinture, qu’il réservait pour une soirée conférence rotarienne

 

Accompagné et soutenu par Bernadette, qui ne perd pas une miette de la curiosité de son mari, Alain nous a fait vivre une visite documentée et bien développée de l’œuvre de Séraphine, avec une présentation d’œuvres qui marquent la progression de cette forme de peinture qui a évolué au fil des années et aussi de l’état de santé mentale de ce personnage.

 

<< Séraphine Louis est le peintre naïf français au féminin parmi les plus connus et un des plus cotés avec le douanier Rousseau. Cette histoire est le fruit de la rencontre entre deux personnages que tout oppose et qui ont écrit une belle page de l’histoire de l’art contemporain : Wilhem Uhde et Séraphine Louis.

               

Wilhem Uhde, marchand d’Art allemand arrive, en France en 1903, il n’a pas 30 ans. Il est découvreur de talents : le douanier Rousseau et Picasso, il s’intéresse aussi à Braque, Marie Laurencin et Derain. Vers 1912, il loue un petit logement à Senlis et découvre par hasard un petit tableau qui s’avère être de Séraphine, sa propre femme de ménage.

                Séraphine Louis, femme de l’ombre et de la misère, est orpheline à 7 ans, élevée chez les religieuses, elle devient femme de ménage, à 13 ans. Sans argent, elle mélange du Ripolin blanc à des ingrédients trouvés dans la nature pour fabriquer sa peinture. Femme de ménage la journée, elle peint la nuit en chantant des cantiques religieux.

                Uhde s’intéresse immédiatement à la peinture de Séraphine. Il achète ses tableaux et la fait exposer à Paris. Elle semble promise à un bel avenir artistique et financier. Mais, leur collaboration est interrompue pendant 13 ans du fait de la première guerre mondiale et du départ de Uhde. Et lorsqu’elle reprend en 1927, la crise de 29 balaye les espoirs de Séraphine d’avoir une grande exposition à Paris.

                Elle bascule alors dans la folie. Elle est internée en asile psychiatrique en 1932. Elle ne peindra plus jamais et décède le 11 décembre 1942 – son marchand l’avait fait mourir en 1934 pour masquer son hospitalisation.

                De son côté, Uhde est déchu de sa nationalité allemande, car il représentait l’Art dégénéré. Il se cache en France, échappe à la gestapo, mais son appartement est pillé et ses toiles saisies. Après la guerre, en 1945, il organise une grande exposition consacrée à Séraphine, à Paris, à la Galerie de France.

            

Aujourd’hui, on peut admirer des toiles de Séraphine à Paris à la Galerie Dina Verni, au Musée d’Art Moderne, au Centre Pompidou, mais aussi dans les grands musées anglais, allemands et américains. L’année dernière, une toile de 1 mètre sur 2 mètres a été vendue, aux Etats-Unis, environ 1 million d’Euros. Connue des amateurs d’art, elle est révélée au grand public en 2008 par le film de Martin Provost dans lequel Yolande Moreau tient le rôle de Séraphine pour lequel elle a obtenu le César de la meilleure actrice.

           Eloignée de tout académisme et de toutes conventions, Séraphine n’apprend pas une technique, elle l’invente. Peindre est la façon qu’elle a trouvée pour exister.

D’autres, comme elle, ont construit des œuvres fortes et singulières : Henri Rousseau, Ferdinand Cheval, Gaston Chaissac …>>